TY - JOUR
T1 - Cuisiner avec Lévi-Strauss et les femmes enawenê-nawê :
T2 - à la recherche de la condition humaine dans les subtilités de l’expérience quotidienne
AU - Nahum-Claudel, Chloe
PY - 2020
Y1 - 2020
N2 - Les femmes enawenê-nawê du Brésil central entretiennent des relations intimes avec un élément de leur culture alimentaire, le manioc amer et ses tubercules toxiques dans leur état cru. Contrôler le contact avec le manioc exige une attention constante de la part des membres d’un foyer (déplacement de la cuisine, précautions chamaniques, cuisine de mets particuliers etc.) puisque s’y trouvent souvent des personnes vulnérables aux effets néfastes de la plante, conçu comme un sujet féminin hyper-animé – ce sont les femmes qui ont leurs règles, leurs partenaires, des parents de nouveau-nés ou des adolescent(e)s. En suivant la voie frayée par Claude Lévi-Strauss et en me plongeant dans l’ethnographie de cette coexistence quotidienne nécessaire mais quelquefois perturbante, j’explore comment la condition humaine est « cuisinée », par des processus qui sont toujours à la fois pratiques et métaphysiques. Il s’agit précisément d’interroger la façon dont la pratique et l’expérience sensorielles de la vie s’articulent avec le mythe et l’idéologie la femme-manioc. L’intérêt de ce travail de Claude Lévi-Strauss sur la cuisine, est de se pencher sur les petites choses de l’expérience quotidienne et d’offrir des clés heuristiques faisant de ces petites choses – qui concernent souvent les femmes – des révélateurs de sens déterminants. Au moyen d’une relecture critique du « triangle culinaire » de Claude Lévi-Strauss, je propose donc une perspective féministe sur l’acte de cuisiner la condition humaine.
AB - Les femmes enawenê-nawê du Brésil central entretiennent des relations intimes avec un élément de leur culture alimentaire, le manioc amer et ses tubercules toxiques dans leur état cru. Contrôler le contact avec le manioc exige une attention constante de la part des membres d’un foyer (déplacement de la cuisine, précautions chamaniques, cuisine de mets particuliers etc.) puisque s’y trouvent souvent des personnes vulnérables aux effets néfastes de la plante, conçu comme un sujet féminin hyper-animé – ce sont les femmes qui ont leurs règles, leurs partenaires, des parents de nouveau-nés ou des adolescent(e)s. En suivant la voie frayée par Claude Lévi-Strauss et en me plongeant dans l’ethnographie de cette coexistence quotidienne nécessaire mais quelquefois perturbante, j’explore comment la condition humaine est « cuisinée », par des processus qui sont toujours à la fois pratiques et métaphysiques. Il s’agit précisément d’interroger la façon dont la pratique et l’expérience sensorielles de la vie s’articulent avec le mythe et l’idéologie la femme-manioc. L’intérêt de ce travail de Claude Lévi-Strauss sur la cuisine, est de se pencher sur les petites choses de l’expérience quotidienne et d’offrir des clés heuristiques faisant de ces petites choses – qui concernent souvent les femmes – des révélateurs de sens déterminants. Au moyen d’une relecture critique du « triangle culinaire » de Claude Lévi-Strauss, je propose donc une perspective féministe sur l’acte de cuisiner la condition humaine.
U2 - 10.3917/cas.020.0133
DO - 10.3917/cas.020.0133
M3 - Article
VL - 1
SP - 133
EP - 151
JO - Cahiers d'Anthropologie Sociale
JF - Cahiers d'Anthropologie Sociale
IS - 20
ER -